En septembre 2016, le site du réseau LinkedIn ajoutait une fonction permettant à ses membres de dire s’ils désiraient se porter bénévole ou siéger au conseil d’un OBNL. En huit mois seulement, un million de membres ont levé leur main virtuelle. On geste pour donner du sens à sa vie?
Mais le problème réside dans le fait que LinkedIn a affiché seulement 1 000 organismes recherchant des bénévoles. Cela ne répondait pas, et de loin, à la demande des personnes qui cherchaient à faire du bénévolat.
Dans le monde des OBNL (organismes à but non lucratif), il y a plus d’offres que de demandes. De plus, leurs employés n’ont pas le temps de gérer les bénévoles. Comme me le disait l’un des gestionnaires : « Si j’ai un autre bénévole à gérer, je vais fermer la boîte ».
Cette demande de bénévolat cache un problème de société beaucoup plus important. Il démontre le manque de sens que bien des gens vivent dans leur emploi. Dans sa recherche, Jessica B. Rodell, professeur à l’Université Georgia, mentionne : « Quand le travail est moins significatif, les employés ont tendance à accroître le bénévolat pour répondre à ce désir de donner du sens à leur travail ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans un récent sondage Gallup, 70 pour cent des travailleurs américains se disent moins engagés dans leur travail, ou activement désengagés.
Comme plusieurs, je croyais que trouver un but dans la vie signifiait trouver une cause à défendre
Durant les 13 ans pendant lesquels j’ai géré la Taproot Foundation, un OBNL qui recrute des professionnels désirant faire du bénévolat et qui bâtit des programmes pour des entreprises, j’ai découvert que ces gens étaient tous poussés par un besoin de donner un sens à leur vie. De façon constante, nos consultants et les entreprises partenaires disaient que leur projet de bénévolat représentait ce qu’il y avait de plus valorisant dans leur travail. Ils exprimaient leur satisfaction à contribuer à quelque chose de plus grand qu’eux. Ils soulignaient aussi que cela leur procurait également l’occasion de s’exprimer et de grandir sur le plan personnel. Enfin, ils y trouvaient du sens par le travail qu’ils effectuaient avec d’autres professionnels de leur équipe.
Alors si les gens trouvaient la satisfaction en se réalisant et en se développant au plan personnel ainsi que dans le travail d’équipe, cela signifie qu’ils n’auraient pas à chercher un sens à leur vie en dehors du travail. Ce ne sont pas les buts du bénévolat qui donnaient du sens au travail, mais la façon dont ils le réalisaient. Et la recherche confirme que, pour plusieurs, il est possible de trouver un sens, principalement en effectuant un choix quant à la façon d’aborder leurs tâches. Avoir un but n’est pas nécessairement lié à ce qu’une entreprise fabrique ou vend, mais plutôt à la façon avec laquelle les employés abordent leur journée de travail.
Donner du sens à sa vie au travail
En effet, travailler dans un OBNL ne garantit pas de donner du sens à sa vie de tous les jours. Plusieurs employés d’OBNL n’en trouvent pas dans leur travail. Leur organisation peut être une source d’inspiration dans le monde, mais leur emploi ne génère pas d’engagement de leur part.
Pour que son travail ait un sens, il s’agit de s’engager. Amy Wrzesniewski, professeure agrégée de Yale, Jane E. Dutton, professeure à l’Université du Michigan ainsi que d’autres chercheurs, étudièrent les travailleurs dans un grand nombre d’entreprises. Du concierge d’un hôpital à des directeurs et des gestionnaires, ils identifièrent plusieurs façons utilisées par ces travailleurs pour donner du sens à leur travail dans leur profession respective.
Leurs conclusions appuient les recherches précédentes qui démontrent que la façon dont les individus conçoivent leur travail peut être davantage relié à leurs caractéristiques personnelles qu’au travail lui-même. Leur vision du travail peut être largement influencée par les modèles avec lesquels ils ont grandi. Certains voient le travail comme une tâche, alors que d’autres le placent au centre de leur vie.
Cela ne signifie pas que tout est perdu si vous n’avez pas grandi avec des modèles pour qui le travail ne revêtait pas de signification. Il est possible de redéfinir votre travail pour qu’il s’aligne mieux à vos valeurs, vos forces et vos passions.
Accroître la satisfaction dans vos relations avec vos collègues
Afin d’accroître la satisfaction auprès de vos collègues, vous pourriez décider de leur téléphoner, plutôt que d’envoyer un courriel. Fixez vous-même vos objectifs pour maîtriser les tâches spécifiques que vous aimez. Arrêtez vous simplement quelques fois durant la journée et apprécier ce que vous avez. C’est tellement plus puissant que de mettre l’accent sur ce que vous n’avez pas.
Des entreprises ont commencé à adopter des changements afin d’améliorer le sens du travail chez leurs employés. Erika Karp, chef de la direction chez Cornerstone Capital Group, demande à ses employés d’observer s’ils ont eu une bonne journée. Et d’identifier ensuite, à quel moment cela s’est produit. Puis, elle travaille avec eux pour améliorer leur travail en apportant des ajustements mineurs qui font la différence.
On ne peut répondre à cette demande de sens simplement avec des causes humanitaires. Ni mettre le fardeau sur les OBNL et le bénévolat pour remplir ce besoin. Cultivons plutôt en nous la conscience de soi et prenons, nous-mêmes, la responsabilité de donner du sens à notre travail.
Note sur l’auteur
Aaron Hurst est PDG de Imperative et l’auteur de « The Purpose Economy. How Your Desire for Impact, Personal Growth and Community is Changing the World ».
Texte original par : Aaron Hurst, « Being Good isn’t the only way to go ». New York Times, dimanche 20 avril 2014. Traduit par : Colette Charpentier, c.o. – 2014