Les jeunes et le monde du travail

3 jeunes assis à une table de travail

Dans l’un de mes articles publié sur le site Orientaction et sur Huffington Post, j’évoquais combien certaines valeurs sont toujours aussi fortes d’une génération à l’autre.  La famille, le bonheur dans le couple, le succès au travail, l’argent et la notoriété, sont des symboles valorisés. Ils sont souvent pris en compte dans le choix professionnel des jeunes.

L’importance de les aider à mieux se connaître

Lorsqu’on creuse pour permettre aux jeunes d’identifier la source de ces valeurs, une déstabilisation s’installe. Et, cet instant de confusion devient l’un des moments les plus importants de leur cheminement vers la découverte d’eux-mêmes.

Dans ce bref intervalle où les croyances sont ébranlées, ces jeunes qui, l’instant d’avant, arboraient l’assurance de leurs symboles quittent l’adhésion mécanique aux valeurs collectives, familiales ou culturelles pour rencontrer cette partie, encore méconnue d’eux-mêmes. C’est-à-dire, leur essence propre. Et, puisque le mot essence est porteur du mot « sens », ils apprennent alors que leur vie dépasse la quête de symboles de réussite.

Leur univers est riche et complexe

En effet, la rencontre avec leur réalité intérieure les guide vers leur propre espace personnel où s’abreuver, s’identifier, se référer. Un espace à partir duquel établir leurs choix  et  nourrir leur quotidien. Dès lors, il leur est possible de voir poindre de nouvelles valeurs. Des valeurs alimentées par un besoin de dépassement…

Une vie qui marche vers le chemin du monde du travail ne peut porter le nom de réussite que si elle prend racine à partir d’un espace de conscience personnelle. Bien sûr, on pourrait énoncer qu’à l’adolescence, on épouse une identité par affiliation familiale, culturelle ou sociétal.

Mon expérience auprès des jeunes m’a appris qu’ils portent en eux bien plus que ce que l’on croit ou perçoit. Leur univers est riche et à la fois plus complexe que celui des générations qui les ont précédés. Si nous entretenons auprès d’eux une relation de premier degré, elle restera telle. Si nous les invitons à descendre d’un cran en profondeur, ils nous suivent rapidement et ouvertement, car ils sont assoiffés de découvertes.

Ils veulent transformer le marché du travail

Les jeunes s’intéressent à leur intériorité lorsqu’ils en découvrent l’existence et l’importance. Ils ne sont pas que des consommateurs de biens et services, mais d’abord des êtres capables de situer les choses à partir d’eux-mêmes. Lorsqu’ils découvrent cela, ils accèdent à leur espace de liberté. Et parce que cette liberté doit grandir et continuer à s’éveiller, ils deviennent un jour, des acteurs qui transforment le monde du travail avec leur vision. Leurs attentes face au marché du travail? Quelles attentes? Ils veulent l’intégrer, puis le transformer.

Arrivés sur le marché du travail, ils découvrent que la réussite est un concept qui varie d’un individu à un autre. En apprenant à faire confiance à leur univers intérieur, les jeunes sont capables d’identifier une foule de possibilités alignées sur leur sentiment de compétence. Ils développeront alors des projets leur permettant de se réaliser. Et des projets inspirants et innovants, le monde du travail en a toujours eu besoin.

Autre chose que le travail dans leur vie

Sachant qu’il n’y a pas que le travail dans leur vie, les jeunes veulent se reconnaître et pouvoir affirmer leur intensité. Lorsqu’ils osent vivre ce qu’ils portent en eux, malgré les conditionnements extérieurs, ils deviennent des êtres porteurs de sens et d’humanité. Lorsqu’on leur en prive, sous prétexte qu’il faille épouser des normes, adhérer à ce que le monde du travail a besoin, adopter des valeurs socialement reconnues, on freine l’élan vital où séjourne leur aptitude à transformer le monde.

Revisiter nos croyances dans nos relations avec eux

Chacun de nous peut certes devenir une embûche sur le chemin des jeunes. N’est-il pas sain alors de vérifier, nos propres croyances et valeurs, ce à quoi nous donnons raison. La paire de lunettes avec laquelle nous regardons le monde peut parfois nous desservir dans notre relation aux jeunes. Si nous osons remettre en question nos perceptions, notre vision de la réussite et du marché du travail, sans doute pourrons nous ouvrir, dégager, élargir, désengorger notre regard pour apercevoir comment les jeunes voient les choses et se les représentent.

Les jeunes sont l’unique promesse que nous puissions avoir pour le futur de l’humanité. Si nous pouvions les aimer véritablement, nous cesserions sur-le-champ de les juger, d’aspirer les mouler « pour leur bien ». Nous leur ferions confiance sans leur transmettre nos peurs et limites. Nous ferions tout pour apprendre à mieux communiquer avec eux et à mieux entendre ce qu’ils expriment vraiment.

Les jeunes sont animés d’un potentiel de vie suffisamment riche pour transformer le monde à la hauteur de leurs ambitions. Chaque jeune que je rencontre souhaite jouer un rôle constructif face à l’avenir de notre monde. J’ai aussi accompagné une panoplie d’adultes déçus et amers. Ils étaient enfermés sous l’armure de leurs croyances limitatives, entretenues à partir d’une vision « raisonnée » de la vie.

Les attentes des jeunes face au monde du travail se résument à peu de choses. Aussitôt qu’ils entrevoient ce qu’est le monde du travail, ils n’ont plus qu’un souhait: le transformer. Puissions-nous être des milliers à les encourager vivement.

Marie-Sylvie Dionne, coach professionnelle – Choix de carrière des jeunes

Créatrice de kitdecoaching.com